Heureusement, il arrive qu’un oiseau migrateur s’endorme en volant, ou bien manque une bifurcation, et qu’il atterrisse avec quelques congénères en Namibie quand il visait son habituelle Angola. Cette erreur est pain bénit. Enfin, le pauvre oiseau est obligé de s’installer dans une nouvelle contrée, de l’aimer ou de la détester, d’avoir des sensations et des sentiments, des surprises, des difficultés, des merveilles. C’est ainsi que procédaient les anciens explorateurs, les vrais inventeurs du globe. Ils en avaient assez de suivre la ronde des astres domestiques, de ne connaître que des chemins balisés, de faire la navette entre leur ferme et leur champ de blé, et ils allaient se perdre dans l’inattendu des choses.
Gilles Lapouge – L’âne et l’abeille.